Lorsque la Fédération Française de Hockey sur Glace a décidé de mettre un terme définitif à ses championnats le 17 mars dernier, le rêve de tout le peuple vert s'est alors brutalement effondré: non, il n'y aura pas de deuxième titre en deux ans. La décision fédérale, logique et inéluctable par rapport à la crise sanitaire sans précédent touchant le monde apparaît cependant comme un coup porté à l'ambition de l'EHC.

Pourtant, il apparaît rapidement évident que la FFHG va solliciter des clubs de D1 pour une montée administrative afin de recompléter une Ligue Magnus laissée à 11 par la liquidation de Lyon. Cela voudrait dire que, par ricochets, il y aura également une place à prendre en D1. Le 2 avril, la décision est officialisée: les quatre équipes les mieux classées de chaque championnat sont sollicitées afin de déposer, avant le 11 avril, un dossier pour monter à l'étage au-dessus. A partir de là, les différents organes fédéraux se donnent jusqu'à la fin du mois pour sélectionner le meilleur en se basant sur des critères financiers, structurels et de formation. Promesse de président, le dossier retenu sera celui d'Épinal !
Comment diable cette montée pourrait échapper à Épinal ? Leader incontestée de la Division 2, budget que ne renierait pas certains clubs de Division 1, plus de 2300 spectateurs au compteur, renforcement de la structure de formation avec l'apport de Benoit Quessandier et Guillaume Papelier, renforcement de la structure autour de l'équipe première par la reconversion de Guillaume Chassard et l'embauche d'un responsable du matériel... C'est à se demander si le dossier n'est pas présenté directement pour la Ligue Magnus ! C'est donc tout naturellement que le Bureau Directeur de la fédération, ainsi que la CNSCG ont validé la participation d'Épinal à la nouvelle saison de D1.

17 ans après l'avoir quitté, Poissompré va donc retrouver le second échelon français. La recette de ce championnat ? Prenez de vieilles connaissances: Caen, Clermont-Ferrand, Mont-Blanc, Neuilly-sur-Marne, Strasbourg, Tours. Ajoutez à cela des expéditions menant à Brest, Cholet, Montpellier, Marseille et Nantes. Enfin, saupoudrez de Chambéry et Dunkerque. Servez le tout en confrontations aller-retour. Vous obtenez là un menu fait de 26 matchs, 14 431 kilomètres et des saveurs de Ligue Magnus d'il y a une dizaine d'années. Les 8 premiers prolongeront le plaisir dans des séries de play-offs en 3 manches gagnantes tandis que les 4 derniers iront aux rattrapages.
Ici, pas de grandissime favori pour décrocher d'étoile en fin de parcours mais une lutte acharnée. Pour vous dire, la saison dernière il n'y avait que 10 points d'écart entre le 3ème et le 11ème. Cependant, les équipes de Tours, Nantes et Brest semblent avoir la faveur des pronostics. Viennent ensuite les outsiders avec Dunkerque, Caen, Neuilly puis le peloton regroupant Mont-Blanc, Marseille, Épinal, Strasbourg et Cholet. En queue, bon nombre d'observateurs s'accordent à dire que cela sera plus difficile pour Clermont, Montpellier et Chambéry.

Tout cela n'est bien sûr que pure théorie et, on le sait, en sport tout est possible. 

Que se passera-t-il si le trio russe engagé du côté de la Cannebière s'impose comme l'ont fait Fedorov, Kozlov et Larionov il y a plus de 20 ans à Detroit ? Les Drakkars caennais proposeront-ils quelque chose offensivement en plus de leur mur de l'Atlantique mené par Ronan Quemener et Jonathan Janil ? Après les difficultés estivales, les sangliers de Clermont seront-ils transfigurés par leur entraîneur-gardien Ramon Sopko ? Richard Aimonetto aura-t-il enfin acquis les trimestres lui permettant de faire valoir ses droits à la retraite ?

Et pour Épinal alors ? L'effectif a été construit avec des joueurs ayant fait leur preuve en D1 (Altidor, Baskatovs, Nechala), avec une volonté de continuité (Gaspar, Janci, Khoroshun) et l'envie d'avoir un maximum de spinaliens dans cette équipe (Pernot, Rapenne, Charpentier, Ganz...). Pas de précipitation, l'objectif ne sera pas de succéder aux Dehaene, Gillot, Mysicka, Trebaticky et autres Regenda mais de constuire patiemment un projet sur plusieurs saisons. Mais qui dit patience ne veut pas dire volonté de viser le plus haut possible...